L'anti - relation, c'est la langue de bois

Qu'est ce que c'est : la langue de bois ? C’est l’art de camoufler, sous l’inflation des mots, une absence totale de pensée.
C’est donner à croire que l’on est très fort, pour dissimuler l’impuissance.
C’est un camouflage qui ne vise qu’à dissimuler un manque complet de compétences.
C’est le vide qui se donne des allures de plein, le mensonge qui se pare du théâtre de la vérité, la victoire du faux-semblant, le sauve-qui-peut de celui qui, sentant sa mort prochaine, tente de donner le change.
La langue de bois, ce sont des mots sans parole.
Pourquoi cette absence de parole ? Parce qu’il y a absence de projet. Et donc, impossibilité de la relation.
On glose souvent, et on a raison, sur l’appétence des hommes politiques à pratiquer la langue de bois. Mais, que l’on ne s’y trompe pas : n’avoir plus rien à dire, donc à se dire, et meubler ce vide par des mots sans parole, n’est pas leur apanage.
C’est jusque dans la famille, à l’intérieur des couples, en passant par les contenus professionnels, que s’insinue ce poison : comme on n’a plus rien à construire ensemble, on meuble. La relation devient cohabitation.
L’histoire de chacun, archi-connue (croit-on !), n’est plus à relater. Le JE s’est tu devant le ON.
La question, vitale, essentielle : « Que penses-tu de moi ? », devient une question indécente, taboue, alors qu’en fait, tous autant que nous sommes, nous donnerions tout l’or du monde pour savoir, aux différents étages de nos entourages : « Mais, que pense-t-il (elle) de moi, à la fin ? ».
Philippe de Lapoyade